Le soleil déclinait tout doucement, permettant de rafraichir à l’approche de la pénombre cette chaude journée d’été.
Les rues d’Astrub étaient désertes, les habitants ayant préféré rechercher un peu de fraicheur à l’intérieur des maisons aux persiennes baissées.
Madistok finissait tranquillement son repas quand il entendit des voix qui venaient de la place, juste en bas.
Curieux, il s’approcha de la fenêtre et regarda au travers des volets.
D’abord, il ne vit rien ni personne. Puis, en se penchant davantage, il aperçut deux silhouettes.
Il ne les avaient jamais vus.
Assis au sol, tout deux adossés à la fontaine, les deux inconnus, un sacrieur et une osamodas devisaient sans se soucier de la nuit qui n’allait pas tarder à les envelopper.
Leurs voix résonnaient dans l’endroit désert.
« Sweeney, ça n’a aucun intérêt, vraiment. Ta curiosité n’a aucun sens, dit l’Osamodas à son compagnon.
- Et bien, moi, j’aime savoir avec qui je suis. Tu ne dis jamais rien de toi. Ni d’où tu viens, ni pourquoi tu as choisi cette vie, répondit le Sacrieur.
- Ce qui importe, mon cher, c’est l’instant présent. Crois tu donc que j’ai un destin extraordinaire ou romanesque ? Et bien si c’est ça, détrompe toi.
L’Osamodas eut un petit gloussement.
Le sacrieur reprit, apparemment peiné de ne pas avoir de réponses à ces questions.
-Mais tu as bien vécu avant notre rencontre et nos aventures. De cette vie là, tu ne dis jamais rien. N’as-tu pas eu une famille, des amis ?
- Et quand bien même, qu’est ce que cela changerait ? Et en quoi cela t’importe de le savoir ?
- Ecoute Bidibong, c’est aussi une question de confiance entre nous.
- Hum, bien…répondit l’Osamodas. Je peux seulement te dire que Bidibong n’a pas toujours été mon nom.
Le chacha de Madistok choisit ce moment pour sauter sur le rebord de la fenêtre et rejoindre son Maitre.
Il frôla les persiennes dont les gonds non huilés émirent un léger grincement.
Madistok vit le sacrieur tourner la tête.
Il s’éloigna promptement de la fenêtre, craignant d’être découvert, tel le voyeur involontaire qu’il était devenu.
Il se rassit sur sa chaise, devant les restes de son diner et se dit qu’il allait se coucher tôt ce soir.